Louis-Philippe Dalembert

Louis-Philippe Dalembert vient tout juste d’achever son dernier roman. « Une histoire romaine » paraitra à la rentrée littéraire chez Sabine Wespieser. Des sentiments contradictoires le traversent. D’une part, la satisfaction de corriger les épreuves après des mois de labeur et d’isolement, de l’autre, l’éternelle insatisfaction de l’auteur face à l’ouvrage.

 

Soutenant le rythme d’un roman tous les deux ans (Milwaukee Blues en 2021 et Mur Méditerranée en 2019), son nom figure quasi métronomiquement sur les listes du prix Goncourt, depuis près d’une décennie. 

Au micro d’Aurélie Lévy, qui a traduit du français à l’anglais son dernier essai intitulé « Exils du temps », l’écrivain Haïtien revient sur les grands thèmes de son œuvre : l’errance, le nomadisme, le déracinement et bien entendu, l’exil. Le sien, sous Duvalier mais celui aussi des juifs et des migrants de Lampedusa, dont les destins et les causes s’avèrent communes.

 

D’ailleurs comment prend-on conscience, enfant, de vivre sous un régime dictatorial ? Dalembert nous plonge dans son enfance à Port au Prince entouré des femmes de ta vie. Il nous raconte ses premiers émois mais aussi les assassinats, les arrestations, les disparitions, les silences, la cohabitation et les départs forcés. 

 

Si le romancier reconnait trouver à présent refuge dans une solitude assumée et harmonieuse, il n’en demeure pas moins prisonnier du temps qui passe « trop vite ». S’isole-t-il pour se protéger, lui, ou son laboratoire de création ? Quelle est la frontière entre le territoire de l’homme et celui de l’écrivain ? Autant de questions existentielles et pratiques auxquelles il tente de répondre dans cet entretien intime et poétique où se chevauchent les versants de la douleur inhérents au nomadisme : « le sentiment de solitude, sur un plan personnel, et côté collectif celui d’abandon, de trahison du vieux rêve de révolution lié au lieu/temps natal ». 

 

Tout choix, nous rappelle-t-il, même assumé, comporte ses moments de doute. Et c’est tant mieux. « L’essentiel est d’être cohérent, en phase avec ses discours ; en un mot avec soi. »


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