Emma Becker, deux ans et demi dans une maison close

"J'ai 30 ans, j'ai grandi dans les environs de Paris, entre les Hauts de seine et la Seine et Marne. Je suis écrivaine depuis toujours, j'ai publié mon premier livre à 20 ans. J'ai déménagé à Berlin en 2013 car j'avais l'impression d'avoir fait le tour de Paris. Je voulais tourner une page, voir autre chose.

Puis j'ai eu cette idée, d'écrire sur les bordels, car on n'en a pas en France, alors qu'à Berlin c'est légal. J'ai eu envie de savoir qui étaient ces femmes dont on ne parle pas beaucoup, sauf pour les présenter comme des victimes, des pauvres filles ou des cinglées. Je me doutais bien que dans un pays où la prostitution est autorisée je pourrai rencontrer des travailleuses. Car c'est un statut qu'on retire souvent aux prostituées.


J'éprouve aussi, depuis toujours, une sorte de fascination pour la mécanique du désir. Cela a peut être à voir avec les injonctions que toutes les femmes reçoivent dès le début de leur vie : être désirable, souriante, jolie... Que mon corps, que je connais si bien - et que je ne regarde pas toujours avec bienveillance comme beaucoup de femmes - que ce corps puisse être un objet de désir n'a jamais cessé de me fasciner.


Pour pouvoir intégrer le milieu des maisons closes, je savais bien qu'il fallait que je devienne l'une d'entre elles."


Emma Becker, l'auteure du formidable roman "La Maison" (Flammarion) nous raconte son immersion de deux ans et demi dans une maison close berlinoise. Un témoignage lumineux sur le désir, la soumission, la féminité et la masculinité, à écouter d'urgence sur Soundcloud, iTunes, Pippa...

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