Martin Dumollard, le tueur de bonnes

Martin Dumollard est un petit bonhomme de 51 ans. Son physique est loin d'en faire un Apollon. Avec son gros crâne taillé en pointe et une tumeur lui mangeant la lèvre supérieure, il est carrément repoussant. Fils d'un émigré hongrois, il a été placé comme berger à 8 ans, puis est devenu domestique avant de vivre de petits larcins et de mendicité. Tout affreux qu'il est, il épouse une certaine Marie-Anne Martinet. Le couple s'installe dans une maison isolée sur la commune de Dagneux, située à une vingtaine de kilomètres de Lyon. Dans le pays, on le surnomme Raymond, un prénom qui était celui de son frère mort en bas âge.De quoi vivent-ils ? Nul ne le sait dans le pays. Du reste, ils ne fréquentent quasiment personne. Ils ne cultivent pas, ils ne commercent pas. En fait, ils ont inventé une activité originale qui leur permet de vivoter : l'assassinat de jeunes femmes à la recherche d'un emploi de domestique. Dumollard compte officiellement six meurtres à son palmarès.Voici comment il procède. Quand il n'y a plus d'argent à la maison, il se rend à Lyon. Il aborde des jeunes femmes de petites conditions en se faisant passer pour un employé de maison chargé de recruter une domestique par son maître. Il fait miroiter des gages élevés, aussi finit-il toujours par convaincre l'une ou l'autre de le suivre. Une fois que sa victime est allée chercher ses maigres biens, ils prennent le train pour Dagneux où le prétendu châtelain pour qui travaille Dumollard réside. Une fois arrivé à destination, l'ignoble meurtrier invite sa victime à le suivre à pied sur un chemin au milieu des bois.Quand ils sont loin de toute habitation, Dumollard saute sur la malheureuse jeune fille qui l'accompagne. Il l'étrangle. Certaines parviennent à s'enfuir, mais c'est rare. En général, la vue du cadavre emporte ses sens : il se rue dessus, écarte ses vêtements et le viole. Retrouvant son calme, il enterre la victime après lui avoir retiré ses habits. Il n'a plus qu'à prendre le chemin de sa masure avec tous les effets de sa victime, où sa chère et tendre épouse l'attend avec un sourire sardonique. Ils revendent sur les marchés des alentours les maigres biens récupérés. Ils n'en tirent pas une fortune, mais cela leur permet de survivre. Durant neuf ans, l'infâme couple poursuit son manège sans être inquiété. Très exactement jusqu'au 26 mai 1861, le jour où il revient de Lyon avec la jeune Marie Pichon. Il la rencontre sur le point de la Guillotière. Cette fois, il s'est fait passer pour un jardinier chargé par son maître, habitant près de Montluel, de recruter une servante.Arrivés à destination, Dumollard charge sur ses épaules la malle de la jeune fille, et les voilà qui s'enfoncent dans la forêt pour rejoindre le prétendu château. La nuit tombe. Après une longue marche qui n'en finit pas, la jeune femme commence à s'inquiéter. Son guide marche devant elle sans lui répondre. Elle regrette de l'avoir suivi. Mais c'est trop tard ! Soudain, Dumollard s'arrête de marcher pour s'assoir sur la malle qu'il a jetée à terre. Il reprend des forces. La marche l'a épuisé. Marie sent qu'il trame un mauvais coup. Dommage qu'elle ne l'ait pas senti plus tôt. Le « jardinier » se lève et se précipite vers elle avec un nœud coulant à la main. Il tente de lui passer autour du cou. Malgré la terreur qui la submerge, la jeune fille se débat et parvient à s'enfuir. Dans l'obscurité, les branches la griffent, les racines la font tomber. Rien ne peut l'arrêter. Elle entend derrière elle le souffle court de l'homme. Un sursaut d'adrénaline la pousse en avant. Au loin, elle perçoit une lumière. Oui, c'est celle d'une masure. Marie parvient à la rejoindre. Elle tambourine contre la porte en laissant échapper un hurlement de terreur. Il faut qu'on lui ouvre. C'est sa dernière chance de rester vivante. À son grand soulagement, la porte s'ouvre sur un homme inquiet. Il regarde cette jeune femme dans une agitation extrême, au visage meurtri, aux habits en désordre. Il la fait en...

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