Jules-Isaac Huort, l'arracheur de langue

Jules-Isaac Huort est un enfant paresseux et sournois. À 14 ans, ses parents le placent comme apprenti chez un perruquier de Cognac. Mais ses chapardages finissent par le faire renvoyer. Alors, il traîne dans la rue avec une bande de voyous, se livre à la débauche. Qu'en faire ? À 18 ans, ses parents désespérés l'envoient à l'armée, espérant que l'uniforme l'assagira. Au début, tout se passe bien. Il est même nommé caporal, mais sa conduite lui fait vite perdre ses galons. En cinq ans, il accumule 322 jours de punition et lorsqu'il quitte l'uniforme, on ne lui remet pas le certificat de bonne conduite.Le voilà de retour à Cognac. Ses parents le placent comme garçon coiffeur chez un certain Dousset. Aussitôt, Jules reprend ses mauvaises habitudes et pique à deux reprises dans la caisse. Si son patron ne porte pas plainte, c'est que sa grand-mère le rembourse. La veuve Laversanne a un petit faible pour Jules malgré ses défauts. Celui-ci l'a bien compris et en profite. Maintenant qu'il est sans emploi, il n'hésite pas à la taper de quelques francs. Mais un jour, trop, c'est trop. Quand les sommes données à son petit-fils atteignent 1 500 francs, la bonne grand-mère lui annonce qu'à l'avenir il ne devra plus compter sur sa gentillesse.Jules doit donc se résoudre à trouver du boulot. Comme à Cognac, il est grillé, ses parents l'expédient à Rochefort. Ils lui remettent un billet de train et un oncle lui donne 25 francs. Inutile de dire que le bon Jules-Isaac ne goûte pas ce départ forcé. Il en veut surtout à sa grand-mère, cette vieille bique qui ne veut plus l'aider. Avant de sauter dans le train pour Rochefort, il prend le temps de visiter celle-ci. Il lui joue le numéro du petit-fils repenti. Ah ! il regrette tellement les chagrins qu'il lui a causés. Si elle pouvait lui pardonner. Et sortez les violons ! La veuve Laversanne est bouleversée. Mais cette petite comédie cache un futur drame.« Il n'a cessé de me frapper que quand il m'a crue morte »Jules-Isaac n'est pas à Rochefort depuis cinq jours qu'il saute dans le train pour revenir à Cognac avec l'intention de dévaliser sa grand-mère. De gré ou de force, il s'emparera du magot de la vieille ! Le 27 février 1880, à la nuit tombante, le jeune homme arrive chez sa grand-mère en passant par les toits. Glissant le long d'un arbre, il se laisse tomber dans la cour située derrière la maison. Il ramasse une lourde pierre avant d'y pénétrer par la porte d'entrée entrouverte. Âgée de 74 ans, la veuve Laversanne est déjà au lit. La suite, c'est elle qui va la raconter aux voisins attirés par le bruit. Son petit-fils a pris la poudre d'escampette, la laissant comme morte dans une mare de sang. Cependant, elle a encore la force de parler avant de mourir :« Mon petit-fils est entré chez moi, sans être attendu, pour m'embrasser, me dit-il. S'approchant du lit, il me demanda aussitôt de l'argent. Je me mis sur mon séant et lui dis : “Je vais me lever et t'en donner.” Il ne m'en a pas laissé le temps. Il s'est jeté sur moi en me frappant malgré mes cris, et me disant : “Tu n'en auras jamais assez.” Il m'a pris les mains qu'il a serrées fortement et a cherché à m'arracher la langue en m'introduisant ses doigts dans la bouche. Me croyant morte à la suite de tant de coups, il a allumé la bougie, a pris dans la poche de ma robe la clé de mon secrétaire et a cherché l'argent qui se trouvait dans ce meuble. Il n'y avait que 3,50 francs qu'il a emportés en se sauvant par les toits comme il était venu. Malgré mes cris, malgré la grâce que je lui demandais pour moi, il n'a cessé de me frapper que quand il m'a crue morte. Mais j'ai pu suivre tous ses mouvements. » Lors du procès de Jules-Isaac, pour prouver la violence des coups, le président du tribunal fait passer un bocal contenant la langue, le larynx et le pharynx de la victime, plus une tumeur extraite de l'abdomen !Jules-Isaac Huort est vite arrêté. À la cour d'assises de la Charente, à Angoulême, les jurés n'hésitent pas à le déclar...

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