🔊 “Quentin Euverte“ Malaise dans la civilisationà fabre, Parisdu 10 juin au 8 octobre 2022
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 10 juin 2022, durée 20’54.
© FranceFineArt.
Communiqué de presse
Curatrice : Alexandra Fau
à l’initiative du projet : Annabelle Ponroy
Fabre est le fruit de collaborations inédites entre une psychanalyste, une commissaire d’exposition, un artiste. Avant même de s’envisager, Fabre se voyait plutôt comme une aventure singulière offerte à tous dans un lieu intimiste qui privilégie la rencontre avec l’Autre. Un moment en suspens où l’écoute de la parole des artistes embraye des idées, des concepts, des valeurs qui nous rassemblent.
Après cinq expositions monographiques inédites (Laëtitia Badaut-Haussmann, Alexandre et Florentine Lamarche-Ovize, Jean-Pascal Flavien, Goni Shifron, Paul Mignard), Fabre s’adapte, étonne, se transforme chaque fois un peu plus au gré des invitations. L’envie première d’échapper aux cadres imposés, aux formats et aux rythmes conventionnels, de soutenir la création contemporaine reste intact. Et Fabre, ouvert à l’inattendu de ce que l’oeuvre d’art nous fait.
L’exposition – vue par Alexandra Fau
« Au Bord des Mondes
Depuis sa sortie de la Villa Arson, l’artiste plasticien et producteur indépendant(1) Quentin Euverte (né en 1991) sait s’entourer. Tantôt un photographe tout terrain (Yan Morvan), ou un oncle schizophrène (L’oncle cybernétique, édition Lafayette Anticipation). Rien ne se fait jamais seul. Et pourtant, son moi semble irréductible. Sa parole et ses écrits indissociables de l’oeuvre plastique forment un cosmos qui exprime l’univers. Immédiatement me sont revenus en mémoire les textes de l’écrivain polonais Witold Gombrowicz (1904-1969). J’y retrouve cette fixité interrogative sur l’inanimé ; en lieu et place du moineau pendu à un fil dans l’ouvrage Cosmos, ce sont des dépouilles d’animaux morts ou de simples manteaux de fourrure, allez savoir, entre-aperçus à travers les vitres de caissons réfrigérés. Déjà , cette oeuvre (Canicular Cold, 2014-2016) pour le moins troublante dépendait d’un complexe système d’électrification garant d’une potentielle survie. Cette étrangeté née de l’ambiguïté entre l’inanimé et l’animé trouve son aboutissement dans l’exposition de Fabre « Malaise dans la civilisation » transposant ainsi le célèbre écrit de Sigmund Freud de 1930 dans le 21ème siècle, ère technologique, médiatique et pulsionnelle. Aussi grand lecteur de J.G. Ballard (1930-2009), Quentin Euverte nous propulse dans son projet à la fulgurance d’un corps percutant une glissière métallique d’autoroute à pleine vitesse.
Comme dans le livre Cosmos de Gombrowicz, Quentin Euverte part d’éléments factuels, devenus obsessionnels jusqu’au vertige. « 1963 – Je pose deux points de départ, deux anomalies très éloignées l’une de l’autre : a) un moineau pendu ; b) l’association de la bouche de Catherette à la bouche de Léna. Ces deux problèmes se mettent à réclamer un sens. L’un pénètre l’autre en tendant vers la totalité. Ainsi on commence un processus de suppositions, d’associations, d’investigations, quelque chose va se créer, mais c’est un embryon plutôt monstrueux, un avorton… et ce rébus obscur, incompréhensible, va exiger sa solution… chercher une Idée qui explique, qui mette de l’ordre…(2) ».
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Alexandra Fau
1. Producteur indépendant depuis 2017, par le biais de sa structure éditoriale et atelier d’artiste itinérant Bakshish[...]2. Witold Gombrowicz, Cosmos, folio, 1973, p9.Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.