Episode 21 - Aïcha

"Aujourd'hui, je m'identifie comme gouine et c'est politique. Plus que lesbienne, se revendiquer comme gouine s'inscrit dans un cadre militant féministe." proclame Aïcha dans ce dernier épisode de la première saison d'Extimité. Elle évoque : (3:00) Son rapport à son corps : "Plus jeune, j'ai subi le fait de ne pas avoir un corps qui correspond aux codes [de la féminité], frêle et fin. J'ai toujours été assez costaude. Mais aujourd'hui, j'adore mon corps, j'ai des formes, je suis robuste, et j'ai laissé pousser mes sourcils." (4:40) Son enfance à Tunis : "J'ai été traité comme le garçon de la famille. À vérifier si mes soeurs parties à la plage vont bien." (6:15) Son rapport à son genre : "À un moment donné, j'ai fantasmé sur le fait d'être un garçon. Car tout ce qui renvoyait au fait d'être une fille ne me correspondait pas et mes héros préférés étaient des hommes aventuriers. Je me travestissais aussi, assez jeune, à mettre des costards et me dessiner une barbe. C'était un jeu." (9:30) Comment son genre et sa sexualité étaient perçus à l'école (14:00) Être en couple et la vie queer à Tunis (16:20) Ce qu'être "Butch" ou "Fem" signifie (19:30) Son coming-out (24:00) Son "histoire d'amour avec des grands hauts et des grands bas" avec Paris : "Je maîtrise la langue française, mais pas le parisien. J'ai commencé à comprendre plein de choses que je subissais en tant qu'étrangère, en tant que gouine, et en tant que personne racisée. Quand tu développes les outils pour lire tout ça, tu peux aussi comprendre que tu n'es pas la seule. J'ai aussi compris que j'avais certains privilèges, que d'autres personnes en avait plus ou moins. Chacun.e a des vécus hyper complexes en étant ce qu'on est ici. Réaliser ça m'a donné beaucoup de force et envie de créer des solidarités. Et maintenant je me sens chez moi" (30:40) Sa démarche artistique : "Je travaille sur un concept que j'appelle "l'anti-savoir". L'idée, c'est de partir de supports censés représenter le savoir, comme des cahiers d'écolier ou des rouleaux de parchemins, et d'y créer des fictions qui déconstruisent le Savoir. C'est-à-dire toutes les choses qu'on nous a apprises de la primaire au lycée. Car je pense qu'on nous a appris beaucoup de choses erronées. Je veux dépecer le savoir, autant dans la forme (ouvrir les cahiers et les charcuter), autant dans les corps que je représente (cyborgs et queers)" (40:00) Comment elle articule travail artistique et réflexions militantes (42:00) Être une "femme artiste tunisienne" et son exotisation par le milieu de l'art (55:00) Pourquoi elle se définit davantage comme "gouine" que "lesbienne" (1:02:50) Comment elle voit l'avenir et sa vocation d'artiste : "Ce que j'aime dans le dessin et la condition d'artiste, c'est de pouvoir fantasmer qui je veux être. Je peux m'inventer scientifique, archéologue… Réinventer, c'est ma manière de voyager." (1:05:00) Sa sexualité et le polyamour

Ce podcast est une création originale de Douce Dibondo et Anthony Vincent.

Pistes sonores diffusées :

Rachid Taha - Ya rayeh

Nawel Ben Kraiem - Dérangés

Cesaria Evora - Coragem irmon

Les génériques de début et de fin sont un extrait du morceau Magoosh de la chanteuse iranienne Googoosh.


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