Langue et politique (1/4). Des Bisounours aux “champagne socialists” : désigner l’adversaire

En avril, Les mots des autres, notre podcast sur les langues étrangères, se met à l’heure de la présidentielle. Découvrez nos quatre épisodes spéciaux sur la politique, garantis sans langue de bois ! En ce jour de débat télévisé entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, découvrez comment les adversaires politiques sont désignés dans les autres langues...


La politique, c’est le terrain d’affrontement des idées. Et comme dans toute bataille, il convient d’identifier l’adversaire. Pour ça, rien de plus pratique qu’un petit surnom ou épithète bien senti. Voici la liste des mots cités dans cet épisode :


“Champagne socialists” : équivalent de la “gauche caviar” en France, cette expression est utilisée au Royaume-Uni pour moquer ceux qui se revendiquent des idées de gauche, mais qui vivent en réalité très loin des réalités des couches populaires. En Australie, on les appelle “Chardonnay socialists”, en Suisse, les “Cüpli-Sozialists” - “Cüpli” désigne une coupe de champagne - et au Danemark, ce sont les “Rødvinssocialist”, c’est-à-dire des “socialistes vin rouge”.


“Limousine liberals” : une autre variante de la “gauche caviar”, associée à un véhicule de luxe plutôt qu’à une boisson raffinée. Il existe aussi les “latte liberals”, en référence aux cafés latte très populaires ces dernières années. On peut y voir des cousins de nos “bobos”, bourgeois-bohèmes. 


“Baizuo” (白左) : en chinois, ce terme péjoratif qui signifie “gauche blanche” est une insulte à l’égard de ceux qui défendent des idées progressistes comme la paix, l’égalité ou les droits humains, soit par excès de naïveté, soit par hypocrisie, en ayant surtout envie d’afficher sa supériorité morale. 


“Boba liberals” : une expression inspirée des “boba”, perles de tapioca du “bubble tea”, cette boisson d’Asie du Sud-Est très prisée de la génération Z. Aux États-Unis, un “progressiste bubble tea”, c’est généralement un ou une métis(se) avec des origines asiatiques, qui professe des idées progressistes mais dont l’identité asiatique ou l’engagement politique reste très superficiel. En résumé, c’est être militant de gauche et membre d’une minorité - mais pas trop. 


“Slacktivist” : un mot construit sur le verbe “to slack” qui signifie “tirer au flanc” et qu’on pourrait donc traduire par “militant paresseux”. C’est une personne qui défend des causes sociales ou politiques, mais uniquement avec quelques clics sur les réseaux sociaux, sans engagement concret.


“Coxinha” : au Brésil, ce beignet de poulet est devenu une façon de désigner les membres de la police militaire, apparemment très friands de ces snacks qu’on trouve à tous les coins de rue. Par extension, cela fait aussi référence aux partisans de l’ordre social et de la sécurité, c’est-à-dire les conservateurs. 


“Mortadella” : au Brésil, cette charcuterie (italienne) a donné son nom à un sandwich très prisé des classes populaires. Au point de devenir un marqueur idéologique, un peu comme notre merguez CGT. 


“Palianytsia” : un pain traditionnel ukrainien qui peut aussi être un nom de code pour reconnaître les Russes, car ces derniers ne savent, en général, pas le prononcer avec le bon accent.


“Raïta” : en Inde, une sauce à base de yaourt réputée un peu fade, qui sert donc à se moquer d’une forme de mollesse en politique. Un peu comme ceux qu’on appelle parfois des “bisounours” en français.


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