La Morgue

l est très difficile de parler de la mort, de s’intéresser à ce qui arrive au corps d’un être humain une fois que la vie la quitté, sans que cela nous renvoie à la fragilité de notre existence, et au caractère purement organique de notre corps. On préfère ne pas en parler, ne pas savoir. Et par la même occasion, un lourd tabou pèse sur les métiers qui travaillent avec la mort.


Nous sommes allées toquer à la porte de la morgue de l’hôpital, et deux hommes nous ont ouvert, surpris qu’on vienne les voir et qu’on s’intéresse à eux. Nous avons rencontré des personnes douées d’une grande empathie, et du courage nécessaires pour mener à bien leur travail.


Pour tout l’hôpital, ils ne sont que deux. Quand on leur demande qu’est-ce qu’il se passerait s’ils étaient malades et ne pouvaient se rendre au travail, ils répondent simplement que ça n’est jamais arrivé. Que ça ne peut pas arriver.


Ensemble, ils s'occupent des patients décédés en attendant la prise en charge par les pompes funèbres. Ils effectuent le transport du défunt vers la chambre mortuaire ainsi que les soins et la préparation du corps avant la présentation à la famille.


La majorité du temps ce sont des défunts adultes mais parfois des enfants et des nouveau-nés et aussi des fœtus.


Quand les familles viennent, il faut pouvoir répondre aux questions et accueillir la souffrance, sous toutes ses formes. Parfois il n’y a pas de familles. Parfois il n’a pas assez de place pour les accueillir. Il faut appréhender les coutumes et les rites religieux des différentes cultures. Il faut s’occuper aussi des plus démunis.


Les préposés à la morgue sont là, jusqu'au bout, pour s’assurer que chaque défunt puisse partir dignement, et que ces proches puissent lui dire adieu.


Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.